Semaine du 8 au 14 février

Relecture de la semaine proposée par Antoine Brethomé.

Il y a des semaines qui vous marquent plus que d'autres. Celle qui se termine en est une. (Semaine du 8 au 14 fév,)

En début de semaine je rencontre L. qui travaille depuis 9 ans dans une clinique privée de l'agglomération bordelaise.

De cette clinique, elle dit : "j'ai l'impression d'être dans une entreprise privée à but lucratif"   la direction veut se séparer d'elle ;  en fait sans employer le mot, il s'agit d'un licenciement sans motif réel et sérieux. On ne lui reproche aucune faute grave. On lui propose une rupture conventionnelle.

Elle vit cette situation comme profondément injuste.  « Si j’accepte l’offre de la direction , ça veut dire que je baisse les bras"...  « Je me rencontre que j’ai été exploitée »

Elle a fait la démarche de prendre contact avec la déléguée CGT.

Elle passe à la maison chez moi où avait lieu une rencontre ACO. Elle rencontre Ch et Fr de l'ACO toutes les deux retraitées de la santé. Elle repart avec la déclaration sur la santé écrite par l'ACO 33.

" Toute injustice faite à une personne qui travaille est une atteinte à la dignité humaine," (pape François homélie 1er mai 2020)

En milieu de semaine c'est l'annonce imminente de l'évacuation du squat de Cenon: appel à la mobilisation de tous les soutiens aux migrants.

Les familles qui sont sous le coup de l'OQTF sont prises en charge par des bénévoles...

L'évacuation a eu lieu le jeudi 11 à 6h du matin avec des moyens hors normes: les forces de l'ordre (plus d'une centaine),  des dizaines de bus.

et aussi beaucoup de gens pour protester, crier leur colère, et manifester leur soutien aux familles expulsées.

La nuit qui a précédé ce sinistre matin, des femmes, des hommes sont restés au squat tels des veilleurs "au chevet d'un ami, d'une humanité en danger" -Pierre Claverie.

Au coeur de cette vie plutôt bousculée la prière des psaumes du jour avait une actualité brûlante :  certaines expressions auraient pu être dites par les migrants du squat jeudi matin :

Psaumes 56 : 5 : « je suis au milieu de lions

                                  gisant parmi les bêtes féroces

                                  Ils ont pour langue une arme tranchante

                                  pour dents, des lances et des flèches. »

Psaumes 56 : 7 : ils ont tendu un filet sous mes pas (un cordon de forces de l'ordre)

Psaumes 34 : 15 :  des misérables s'attroupent contre moi.

Je me suis aussi rappelé quelques pages d'évangile :

Dans Marc 10 : 42-45 :" Vous le savez, ceux qu'on regarde comme des chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir  et les grands sous leur domination. Il n'en est pas ainsi parmi vous. Au contraire, si quelqu'un veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur."

Les serviteurs, ce sont tous ces bénévoles des associations, organisations. Ils sont serviteurs de l'homme ; ils ont l'humain au coeur.

Servir, c’est « en grande partie, prendre soin de la fragilité. Servir signifie prendre soin des membres fragiles de nos familles, de notre société, de notre peuple ». Dans cette tâche, chacun est capable de « laisser de côté, ses aspirations, ses envies, ses désirs de toute puissance, en voyant concrètement les plus fragiles. [...] Le service vise toujours le visage du frère, il touche sa chair, il sent sa proximité et même dans certains cas la ‘‘souffre’’ et cherche la promotion du frère. Voilà pourquoi, le service n’est jamais idéologique, puisqu’il ne sert pas des idées, mais des personnes » Fratelli Tutti 115

Le jour de l'évacuation, le 11, l'évangile du jour nous montrait comment Jésus se laisse bousculer par une étrangère (Marc 7 : 24-30) la rencontre de l’autre dérange notre façon de vivre, de croire.

Dans la semaine nous avions le récit de la "multiplication des pains" Marc 8 : 1-10

"une grande foule et les gens n'avaient rien à manger"..."J'ai de la compassion pour cette foule"

Là encore comment ne pas faire le lien avec ces familles et voir dans ceux qui apportaient la nourriture sur la zone, les disciples qui sont chargés par Jésus de distribuer les pains.

 

Et l'évangile d'aujourd'hui : la guérison du lépreux Marc 1 : 40-45 Un homme exclu de la société, mis à l'écart, qu'il était interdit d'approcher, de toucher, un "impur". Les migrants, les sdf, les chômeurs ne sont-ils pas les lépreux de notre société d’aujourd’hui

Et Jésus n'hésite pas à s'approcher et à toucher cet homme . « il nous annonce que Dieu n’est pas une idée ou une doctrine abstraite, mais Celui qui se ‘ contamine’ de notre humanité blessée et qui n’a pas peur d’être au contact de nos plaies. Le style de Dieu c’est proximité, compassion et tendresse » - François Angélus 14 02 21

Aujourd'hui des femmes, des hommes n'hésitent pas à "toucher la misère humaine et la chair souffrante de ces familles"

 

                                                                                                                                                                                                              A Lormont le 14 février 2021